LETTRE DE JEAN MICHEL BRUYERE

Le 26 juin 2006
Bonjour,

Vous le savez, le CICV a été fermé en juillet 2004.

 

On peut le regretter et même s’en émouvoir, sachant que sa liquidation fut directement conséquente d’un rapport des inspecteurs du ministère de la culture, invraisemblable charge contre l’indépendance du C.I.C.V vis-à-vis des critères esthétiques et des ambitions symboliques établis par l’administration culturelle centrale ( consultation du “rapport”) .

On peut aussi penser qu’après 14 ans, sa structure, telle qu’elle ne pouvait plus beaucoup évoluer, ne satisfaisait plus aucune des nouvelles conditions de la création vidéo définies par une transformation très profonde des moyens techniques de l’image et du son. On jugera alors que la fermeture du CICV évite l’entretien inutile du énième de ces alluvions à encombrer les bords d’une institution culturelle sans vigueur.

Enfin, il est très possible aussi de s’en contreficher complètement, de rester à ne s’occuper que du déclin ou de l’éclat de ses propres affaires dans sa propre maison, comme d’être lancé déjà dans quelque bataille dont l’enjeu serait plus grand.

Mais, il ne sera pas nécessaire de s’accorder tous sur ce sujet pour se rassembler dans un acte de réprobation du sort réservé à Pierre Bongiovanni dans cette opération de liquidation. Car, à Pierre Bongiovanni, fondateur en 1990 du CICV et directeur de l’établissement jusqu’à sa fermeture contrainte, le simple droit d’un salarié licencié est refusé : on ne veut pas lui remettre le document attestant de son emploi de quatorze ans. Ce refus, exactement inutile à la liquidation, geste gratuit des liquidateurs, ressemble fort à une punition idéologique. Le résultat en est que Pierre Bongiovanni, sans emploi depuis deux années, ne bénéficie d’aucune aide des caisses d’allocations chômage auprès desquelles il a pourtant cotisé mensuellement pendant 37 années.

Les liquidateurs, pour justifier de leur geste, affirment que le lien de subordination du directeur à son employeur n’est pas certain et que la réalité de son travail de direction n’est pas prouvée. Toutes sortes d’enquêtes, dont une financière, ont été diligentées sur Pierre Bongiovanni, dans l’espoir de trouver contre lui quelque chose d’un peu plus consistant et croustillant que cela. Aucune malversation, aucun acte délictueux, pas même une petite erreur de gestion ne sont apparus. Pourtant, devant la détermination des liquidateurs, le Tribunal des Prud’Hommes réuni en mai 2006 n’a pas voulu juger et s’est déclaré incompétent. Une procédure en Contredit est lancée (automne 2006).

Nous avons tous travaillé pour ou avec le CICV, accueillis par Pierre Bongiovanni. Nous avons collaboré avec Pierre, avec son équipe, et utilisé les moyens de la structure, à laquelle, en échange et dans le temps, nous donnions sens.

S’il est à présent déclaré que Pierre Bongiovanni n’a pas été vraiment directeur du CICV, cela signifie donc que nous ne sommes pas vraiment vidéastes ou cinéastes, compositeurs, ingénieurs, monteurs… S’il est dit qu’il n’a pas vraiment travaillé, c’est alors que nos œuvres ne sont pas vraiment des œuvres. Et nous-mêmes, ne comptant pas davantage devant les liquidateurs et les juges que devant les inspecteurs de la culture, il paraîtrait donc que nous ne valons rien.

Pour nous regrouper en une association dont l’unique objet serait le respect de l’application des droits salariés de Pierre Bongiovanni (trois membres volontaires seraient désignés pour suivre l’affaire, nous rendre compte et nous représenter), nous n’avons pas besoin d’accorder nos points de vue sur ce que fût ou ne fût pas le CICV, sur les choix et les orientations de Pierre Bongiovanni le dirigeant. Il faut et il suffit que nous partagions un certain goût pour la vérité, que nous estimions imbécile qu’un homme soit contraint pour rien, à plaisir ou par vengeance et que nous tenions à l’existence d’une société qui soit sans pouvoir jamais mépriser ses propres règles et lois et surtout pas quand un désir de rigueur idéologique vient à piquer ses fonctionnaires.

JEAN MICHEL BRUYERE


 

Un premier site de réprobation a été ouvert  ici .


 

Commentez, réagissez, adhérez et proposez en écrivant à : reprobation@bongiovanni.info

Merci de faire circuler l’information dans les listes qui pourraient être concernées.


Un texte d’association en réprobation vous est ci-dessous proposé.

 

Artistes et équipes artistiques, cinéastes, vidéastes, auteurs, compositeurs, musiciens, plasticiens, graphistes, techniciens, ingénieurs… ayant été une fois, plusieurs fois ou régulièrement accueillis par le Centre International de Création Vidéo (CICV) de son ouverture en 1990 à sa fermeture en 2004, pour y concevoir, développer, finaliser ou valoriser nos créations, ayant toujours reçu là le soutien d’une équipe compétente et agile et trouvé les meilleurs effets d’une hospitalité savante, désapprouvons que le fondateur et directeur du CICV, M. Pierre Bongiovanni, se voie refuser par ses liquidateurs les simples pièces justificatives de son emploi de 14 années. Nous désapprouvons qu’il se trouve ainsi interdit de l’exercice de ses droits salariés les plus communs (indemnités de licenciement) et ne puisse pas, alors qu’il est sans emploi depuis juillet 2004, recevoir l’assistance des caisses d’allocation chômage auprès desquelles il a cotisé chaque mois durant 37 ans.

Pierre Bongiovanni a bien été le directeur salarié du CICV depuis sa création jusqu’à sa fermeture. Il a même, selon notre expérience directe , pleinement, seulement et courageusement rempli sa fonction. Nous fûmes, dans nos travaux d’art, les premiers bénéficiaires de son intégrité en exercice et nous nous opposons à toute volonté de la contester finalement. Nous réclamons que le droit salarié de Pierre Bongiovanni soit dit, dans une dignité égale à celle qu’il mit lui- même à servir son employeur, le CICV, et à maintenir l’objet de celui- ci en toute circonstance : le développement des arts électroniques et l’appui aux artistes.

De Pierre Bongiovanni dans son emploi au CICV, outre le lien de subordination, la réalité du travail, paraît-il, ne serait pas prouvée. Mais, nous saurons bien en attester s’il le faut ; nous qui en sommes, en nous-mêmes, la meilleure preuve.

Nous remarquons qu’un rapport d’inspecteurs du Ministère de la Culture, tel que ceux-là s’y montrent bien sûr désespérés et comme toujours haineux de ne pouvoir soumettre tout le monde et sans faille aux effets de la propagande idéologique qu’ils défendent, figure dans l’instruction des liquidateurs contre le directeur du CICV. Mais, tout inspecteur qu’on les nomme, ceux de culture ne sont pas encore de police et si la plupart de leurs activités de rapporteur sont en un sens, c’est certain, de bien tristes charges, aucune n’est de celles dont on peut instruire un procès, sinon au prix d’une subordination ultime : la subordination de la Justice à l’Administration.

Nous nous regroupons en une association pour le respect et l’application des droits salariés de Pierre Bongiovanni. Parmi nous élisant un bureau de trois membres, nous le chargeons de suivre de près l’évolution de la procédure et de nous rendre compte.

Nous invitons les membres du Conseil d’Administration et l’équipe du CICV, aussi, ceux qui en furent les stagiaires, ses partenaires, ses soutiens et même ses détracteurs à ajouter leurs voix à la nôtre.

Selon le résultat du recours en Contredit (tenu à l’automne 2006), notre association soit sera dissoute, soit entrera en action et n’aura alors plus de cesse, que le bon respect du droit.